Café mon Amour, manifeste féministocaféiné

Je déteste l'amertume.
Je hais les endives. 
Même le sucré-salé n'obtient pas mes faveurs. 

Le goût du porc et du caramel très peu pour moi. Le jambon glucosé n'est pas ma tasse de thé.
Pourtant, avec cette tasse, c'est très différent. 
Cette tasse là, elle m'est indispensable. 
Je m'arrête chaque matin sur le chemin du boulot. Quinze minutes de solitude volées au reste du monde. 
Que la pluie batte les carreaux, que le soleil chauffe mon dos, je m'installe toujours sur la table de gauche, cachée par la grosse colonne.
Table avec vue sur mer de la chaussée. 

Je regarde la ville s'agiter, je détaille les chaussures des passantes, félicite à voix haute les élégantes du jour. 
La tasse arrive bien chaude. Sa porcelaine blanche usée par les nombreuses goulées ayant précédées les miennes. 
Je bois une gorgée de Paris chaque matin.

Le café est amer dit-on. 

Je ne sais pas.

Je ne sais pas non plus ce qu'est un "bon"café, un café de torréfacteur, de machine à capsules ou de cafetier avec buse à haute pression. Le café parfois me semble excellent, parfois vaguement flotteux, mais je n'ai rien d'une spécialiste. 
Je suis une admiratrice. 

J'aime ça. Je me réjouis de lui chaque matin, il me manque quand il n'est pas là, comme un bon amant trop longtemps absent. Je lui ajoute du sucre. Souvent. 
Est-ce salé le café?
Je ne sais pas non plus. 
Mais je l'aime sucré aussi. 
Cette cohabitation là me ravit, elle ne choque pas mon palais franchouillard.

Je déguste. 

J'aime même quand il est un peu refroidi, dans le dernier centimètre de ma tasse, et que je me force à le boire pour le plaisir de faire couler le sucre fondu sur ma langue. 

Isolée un instant du tumulte de la rue dans ma camisole vitrée, je suis convaincue 
que le café est une femme, forte et corsée, savamment édulcorée, énergisante 
et indispensable... J'ai le café féministe ! 





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